Mind The Heart: March 2013

Vivant au jour le jour,bien ancrée dans le présent,quand je regarde en arrière,ce peut être avec nostalgie quelquefois,ce qui est un bon sentiment s'il est occasionnel car se remémorer des bons moments passés est une façon de faire revivre ceux qui ont fait partie de notre vie et qui sont passés de l'autre côté du visible,du compréhensible.Mais quand je regarde en arrière,ce n'est jamais en aucun cas,avec regret.Je n'ai aucun regret.J'ai su dire "stop" et j'ai su dire "je t'aime" et tous deux m'ont mené au même résultat:à être seule.En étant seule,j'ai pu prendre conscience de choses qui s'étaient révélées auparavant,mais qui ont pu vraiment se graver en moi définitivement qu'une fois isolée.J'ai gagné en maturité et en sagesse sur le plan émotionnel et sur le plan personnel.Le courage a pris le pas sur la peur.Ce que je ne faisais qu'à moitié auparavant,je le fais à fond aujourd'hui.Ce qui m'importe,c'est d'être moi-même peu importe qui j'ai en face de moi.Le statut,le costume,le compte en banque d'une personne ne m'ont jamais impressioné.Faire carrière n'a jamais été mon truc.Je sais bien que j'aurais une retraite misérable,peut-être que je n'en n'aurais pas du tout,là encore je vivrai le moment présent et je préfère vivre de petit boulots et voyager,faire des rencontres riches et intéressantes,rencontrer d'autres cultures,apprendre énormément de la vie plutôt que de travailler pour économiser,acheter une voiture,acheter une maison,acheter,acheter,acheter...parce qu'il le faut,parce que c'est ce que tous les gens "normaux" font.Je pourrais oui,me conformer aux critères,m'acheter un costume,faire un cv haut de gamme,venter le fait que je sois quasi billingue(combien de fois ai-je entendu "mais tu sais pas la chance que t'as de parler anglais,ils recherchent que ça!Tu devrais faire ci et tu devrais aller là..")oui..je pourrais aller faire des pieds et des mains pour trouver "the job" en Suisse..mais,en fait,en toute honnêteté je vous le dis,vous voulez vraiment savoir pourquoi je le ferai pas?Ce n'est pas par peur,ni par manque de confiance en moi,c'est qu'en fait,bein comment dire..euh bein j'en ai rien à foutre.C'est comme faire une formation dans quelque chose qui ne n'emballe pas plus que ça juste parce que le marché du travail est en demande dans certains secteurs,faire une formation juste pour faire une formation..bein non.Pourtant je travaille car il faut bien gagner sa vie,mais mon vrai travail lui n'est pas rémunéré et la récompense qu'on y gagne va au-delà de tout l'argent du monde.Chaque geste aussi minime soit-il est un pas en avant et un combat gagné.

Pourtant,je ne jette pas la pierre à ceux qui vivent de cette façon,à ceux qui n'ont pas su se détacher de l'emprise familiale ou de l'emprise de cette société écrasante.Pas plus que je ne jette la pierre à tous ceux qui restent dans une relation qui n'en est plus une depuis longtemps.Je suis passée par là aussi.Je sors d'une relation de dix années où l'amour ne suffisait plus.Je ne vais pas évoquer tout ce qui n'allait pas,mais je suis consciente des erreurs faites de chaque côtés.De cette union est né un enfant,qualifié de "différent" conformément aux normes de la société,puisque atteint du syndrome de T.E.D non spécifié.Un enfant qui s'en ai pris plein la gueule au milieu de toutes nos erreurs.Mais là encore,je n'ai aucun regret car il est le soleil de ma vie.Un enfant ne nait pas avec un mode d'emploi.Etre mère s'apprend au quotidien.Qu'on ne vienne surtout pas me faire chier avec l'instinct maternel..être mère c'est une remise en question quotidienne.J'avoue que je ne sais pas si je renouvelerai l'expérience un jour,j'ai dit je ne sais pas,j'ai jamais dit jamais..C'est comme le mariage.Pendant des années,c'était "jamais",je pense que j'avais peur de l'engagement,ce qui certainement a fait partie de mes erreurs à moi,mais au fond,certainement,c'était parce que je savais que ce n'était pas la bonne personne pour moi.Et je crois qu'au fond de lui,lui aussi pensait la même chose.Enfin quoi qu'il en soit,on est aujourd'hui entrain de finaliser tout ça et on est en bon terme et j'espère bien le rester.Mais désormais je met le mariage en option.Oui car je vois plus l'aspect spirituel(pas dit religieux!) qu'avant.L'union de deux êtres fait l'un pour l'autre,comme le Yin et le Yang,un lien fort.Je ne parle pas du mariage tape à l'oeil,je ne parle pas de diamant ni de petits plats dans les grands,mais d'une union symbolique et équilibrée.Et ça je ne désespère pas un jour de le vivre.Bien que mon coeur s'en ai pris plein la gueule,plus par le "je t'aime" que par le "stop",mais bon,c'est comme ça,je ne désespère pas de rencontrer quelqu'un avec qui regarder dans la même direction.Quelqu'un avec qui je partagerais des valeurs communes et avec qui je mènerais des combats communs.Et quelqu'un qui sait ce que c'est qu'une émotion,qui n'a pas peur de dire "je t'aime" ou "pardon".Je me comprend.Et c'est ça que l'on gagne quand on perd en amour.On prend conscience de ce que l'on veut dans une relation.On se fiche de vouloir être aimé à tout prix,d'être dans une relation pour ne pas être seule ou bien d'être avec quelqu'un car il a besoin de nous ou qu'on a besoin de lui.Certains ne prendront jamais conscience de ça et recréront les mêmes schémas et ne seront jamais eux-mêmes.D'autres,rejoueront en permanence le même disque,la même note passée,celle des regrets de ce qui été et qui n'est plus ou bien,de ce qui aurait pu être et qui jamais ne sera,car ils n'ont pas été courageux.Mais bon,qui suis-je pour juger?On est tellement complexe et paradoxal.

Ecrire,c'est se mettre à nu.Oui j'avoue que j'en avais besoin aujourd'hui.Je reviens de loin comme tant d'autres qui reviennent d'encore plus loin.On est tous des survivants de quelque chose.Beaucoup survivent encore au quotidien,ne vivent pas.Je me pose pas en martyre,je veux juste faire comprendre que l'on a toujours le choix même quand il semble qu'on ne l'ai pas.Et cette séparation m'a fait revivre des choses enfouies de mon enfance.Comme si j'avais revécue le divorce de mes parents mais surtout ce qui a suivi,c'est à dire la venue d'un beau-père tyrannique.J'ai plongé dans une espèce d'insécurité pendant quelque temps,pas longtemps heureusement mais assez pour prendre conscience que son fantôme(il est mort)rôdait toujours quelque part et qu'il y avait quelque chose que je n'avais pas pardonné,quelque chose que je devais laisser aller et qui m'empêchait d'être pleinement épanouie émotionnellement.Et à partir de là,le fantôme du passé,le dernier,envolé,j'ai pu vraiment être moi-même et équilibrée émotionnellement.J'ai pu enfin dire à qui de droit ce que je ressentais même si je n'ai pas eu la réponse attendue,mais là encore j'ai gagné à perdre.Le courage a remplacé la peur.Ce qu'on peut trainer en nous depuis notre enfance,car bien souvent tout part de là.Mon enfance a été amère et instable mais d'un autre côté,heureusement,très douce et sécurisante grâce à mes grand-parents paternels et à ma marraine notament.Tout comme le monde,qui est doux et amer,lumineux et chaotique.J'ai survécu aussi la perte d'un être cher:mon grand-père.Figure paternelle que j'ai idéalisé,idôlatré et qui m'a idéalisé aussi.Perdre quelqu'un comme ça,qui vous a tout appris ou presque,c'est comme perdre une partie de soi.Puis j'ai grandi et j'ai appris deux choses:les êtres parfaits n'existent pas et la mort non plus.Dernièrement,il y a onze ans,j'ai survécu un viol.Il m'arrive d'en parler mais peu,car ça met toujours les autres mal à l'aise et c'est tout à fait normal,ils ne sont pas là pour écouter,c'est pas leur rôle.Et avec ça,l'injustice.Je pense alors que c'est de là ou du moins que ça c'est renforcé à partir de là,que vient mon besoin de rendre justice à ceux qui ont été ou sont victimes d'injustices.Que ce soit la cause animale,la lutte contre la corrida ou bien rendre justice aux femmes disparues de Ciudad Juarez et à tous les oppressés à qui on octroient leur droit à la liberté d'expression..beaucoup de causes que je défend à mon échelle avec conviction.Je ne fais pas ça pour me sentir utile,pour me sentir exister ou bien pour impressionner,mais parce que ça fait partie de moi et que j'ai ça dans le sang,c'est le travail,le vrai dont je parlais.Faire bouger les choses,être un maillon de la chaîne,c'est notre devoir absolu,à tous.Et c'est à cause des "à quoi bon!de toutes façons c'est comme ça"que le monde stagne,n'évolue pas.Il n'y a pas d'acte inutile,aussi petit soit-il.

Enfin,pour finir,j'ai beaucoup de chance d'avoir de vrais amis,des gens authentiques dans ma vie et une famille qui me soutient bien qu'elle soit imparfaite et qu'elle traine encore beaucoup de regrets et de non-dits.Des gens qui ne comprennent pas toujours mes choix,notament le fait que je sois végétalienne,mais qui m'acceptent comme je suis.Quant à l'amour,lui,je sais qu'il n'a pas de prix.Et bien que mon coeur ne soit pas parfait,il bat encore.Et je laisse le soin d'en écouter ses battements à celui qui aura le courage de venir lire dans mes yeux ce qui ne se trouve pas dans ces lignes.

Candie